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Teinture à la Renouée du Japon

Aujourd’hui, c’est la Renouée du Japon, alias Fallopia japonica, qui est à l’honneur. C’est une plante invasive. Certaines régions françaises voient déjà leurs friches et leurs talus dramatiquement envahis par cette plante dont les tiges lignées de rouge rappellent vaguement celles du bambou.

Ça faisait un bail que je n’avais pas écrit… Je n’ai pas laissé tombé, non, je dirais même que ça bourdonne d’idées là-dedans. Mais il y a quelques temps, je me suis retrouvée confrontée à un problème: je n’avais plus forcément très envie de continuer les tests à ce rythme. Il m’a fallu du temps pour réaliser que ce dont j’avais besoin, c’était de faire des réalisations concrètes. Alors désormais, je vais alterner, ou intégrer un petit projet dans mon test.

Avant de passer à cette étape, je vous présente une teinture réalisée à la fin de l’été et que je n’avais pas pris le temps de publier.

Aujourd’hui, c’est la Renouée du Japon, alias Fallopia japonica, qui est à l’honneur. C’est une plante invasive. Certaines régions françaises voient déjà leurs friches et leurs talus dramatiquement envahis par cette plante dont les tiges lignées de rouge rappellent vaguement celles du bambou.

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Si vous en avez dans votre jardin ou près de chez vous, il est vivement recommandé de la faucher méthodiquement jusqu’à extinction (ou mieux encore, de la déraciner, mais c’est très difficile) sous peine de voir toutes les espèces alentour disparaitre sous le coup de l’invasion… Elle se répand grâce à ses rhizomes, raison pour laquelle elle s’étend rapidement sur un site, et grâce à sa floraison, qui lui permet de coloniser d’autres sites. Le fauchage possède le double intérêt d’empêcher la floraison, et d’affaiblir la plante, stoppant ainsi le développement de ses rhizomes.

Alors, face à cette abondance de matière, je ne pouvais qu’avoir envie d’essayer de l’exploiter en teinture végétale! Pas de pitié pour l’avenir de la plante, c’est presque un devoir de ramasser tout ce qu’on trouve!

J’ai fait ma récolte à la fin de l’été, après floraison. Dans mon bain de teinture, j’avais donc des feuilles agrémentées de quelques fleurs. Si vous voulez tenter l’expérience à votre tour, faites bien attention dans le transport et le traitement de ces végétaux, afin de ne pas contaminer un environnement sain!

Pour ce qui est des attentes, j’espérais une teinte rougeâtre après être tombée sur cette indication en surfant sur le net. Bon, je ne retrouve plus le site en question, mais il ne s’agissait que d’une ligne dans un tableau, aussi je pense que ce n’est pas bien grave…

Voici la fiche de préparation:

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J’ai donc teinté de la soie, du coton, du lin, et de la laine. Encore une fois, le résultat a été plus que surprenant!

Voici les fibres tissées:

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J’ai obtenu un joli beige tirant sur le pêche. La couleur est assez douce. Je m’attendais à quelque chose de plus ténu étant donné le ratio poids des feuilles/poids du tissu. Fibres végétales ou animale, même combat: la teinte de la soie ne diffère pas radicalement de celle des fibres végétales testées. Peut-être est-elle simplement un peu plus chatoyante.

Et puis il y a eu les fibres de laine!

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Tout est dans l’image… les couleurs n’ont rien à voir! Pour la laine, on retrouve une couleur jaune paille (tendance brune sur la laine bizet). Ces couleurs sont magnifiques et vibrantes, j’adore.

Pourtant, ces fibres ont été teintées dans le même bain de teinture et pendant la même durée. J’ignore ce qui a bien pu engendrer une telle différence. Et vous, avez-vous une idée?

Étant donné que je ne suis pas une tricoteuse dans l’âme, j’ai décidé d’introduire le tissu de laine dans mes expériences. Vous verrez donc prochainement arriver cet échantillon dans mes expériences. Ça me permettra aussi de comparer les fibres moulinées par rapport à celles tissées. Et pourquoi pas, à terme, les remplacer par ces dernières!

 

Teinture au henné

Lawsonia Inermis

Il y a quelques mois, après 4 ans de colorations végétales, j’ai arrêté de me teindre les cheveux. Ils étaient devenus trop foncés, avec les racines très claires, et j’ai décidé qu’il était temps d’assumer mes cheveux blancs (enfin, en tout cas, d’essayer!). Du coup, comme j’avais aussi aimé expérimenter la teinture sur mes cheveux, je me retrouve maintenant avec tout un stock restant de hennés de différentes origines: Rajasthan, Djerba, Gabès, Yémen… J’ai déjà pu observer sur mes cheveux qu’en fonction de la provenance du henné, la teinte obtenue est différente. Plutôt un roux marron pour le Radjathan, un roux rouge pour le Yémen, ou encore un roux cuivré tirant sur le rouge pour le Djerba. Et j’ai déjà pu constater que selon les personnes, un même henné peut prendre une teinte différente: chaque cheveu étant différent.

Donc, vous vous en doutez, avec toute cette matière première, il était grand temps de reprendre les expériences textiles!

Pour cette teinture, j’ai utilisé 3 hennés: le Radjasthan, le Yémen et le Djerba, et je l’ai réalisée en deux temps. Tout d’abord, j’ai effectué la teinture du Radjasthan et du Yémen. J’ai obtenu des teintes très différentes, et avant d’en conclure que cette différence était due au henné, j’ai voulu vérifier que cela ne venait pas de mes nouvelles casseroles de teinture, récupérées en brocante. L’une est une casserole classique émaillée, l’autre est en réalité une casserole à fondue, avec un bord plus étroit que le fond. Cela pouvait-il engendrer une différence de température, d’aération ou autre?

Pour vérifier cela, j’ai donc réalisé dans la foulée une teinture avec le Djerba dans chaque casserole, avec la même quantité de poudre, et les même échantillons à teinter.

Les caractéristiques de cette expérimentation:

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Donc, pas de comparaison entre les fibres mordancées et non mordancées pour cette fois. Je voulais surtout comparer les différents hennés, et mes expériences précédentes ayant montré que le mordançage donnait de meilleurs résultats sur les fibres végétales, je me suis lancée directement.

Notez l’arrivée de la laine tissée. Je vous parlerais prochainement des projets que j’ai à ce sujet.

 

Et voici maintenant le résultat en images:

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A vrai dire, je n’ai pas pris de photos juste après le séchage, et j’aurais dû! Car à ce moment là, la différence de teinte entre le Radjasthan et le Yémen était bien plus flagrante qu’aujourd’hui. Le premier était bien plus brun que le second, qui tirait vers le rouge. Le Djerba, de son côté, semblait plus clair, plus orangé. A ce jour, comme au moment des photos, les couleurs ont évolué. A croire que c’est comme en coloration, où la couleur s’oxyde pendant quelques jours jusqu’à atteindre sa nuance définitive.

Au final, la teinture au henné de Djerba et celle au henné du Radjasthan donnent des résultats aux teintes très proches. Seule la teinture au henné du Yémen présente une différence de nuance, bien visible sur la soie et le raphia, où elle tire sur le vert.

J’aime particulièrement ces nuances de brun tirant sur le rouge. La couleur est particulièrement vibrante sur la laine et la soie, et ces teintes peuvent composer un ravissant camaïeu automnal. Il est certain que j’utiliserai le henné pour obtenir du brun-rouge à l’avenir!

Enfin, la laine tissée prend très bien les pigments colorants. La nuance obtenue diffère légèrement de celle obtenue sur les fibres. Je ne sais si cela est dû à la composition de la laine, ou au fait qu’elle soit tissée. Je vérifierai sûrement ce point à l’avenir!

 

Peut-on teinter n’importe quel tissu?

Aujourd’hui, nous allons essayer de répondre à la question de l’importance du tissu dans la réussite des méthodes de teinture naturelles.

Pour cela, nous allons aller un peu plus loin dans l’explication de la chimie de la fibre et de celle de la teinture. N’ayez pas peur! Je vais tâcher d’aborder ça le plus simplement possible. Nous ne voulons pas devenir chimistes, nous voulons simplement comprendre les grandes lignes du processus, afin de mieux comprendre ce que nous faisons, et éviter les erreurs désagréables!

Alors c’est parti!

Tout d’abord, nous allons essayer de comprendre les différentes fibres, leur composition et leur fabrication. Car comme vous le savez déjà probablement, il en existe différents types:

 

Les différentes fibres

Les fibres naturelles

Animales

Les fibres animales, aussi appelées fibres protéiniques, représentent l’ensemble des fibres d’origine animale: les poils d’animaux (laine, cachemire, mohair, angora, chèvre, lama, alpaga…) et les sécrétions animales (la plus connue étant la soie, mais le fil d’araignée en est un autre exemple, utilisé en textile technique)

Laines

Végétales

Les fibres végétales ou cellulosiques, sont composées de cellulose. On y retrouve l’ensemble des fibres issues directement de la plante: coton, lin, chanvre, ramie, jute, ortie, raphia, sisal…

Fibre végétales

Les fibres chimiques

Artificielles

Il s’agit de fibres naturelles qui ont dû subir une transformation -chimique, la plupart du temps – pour devenir une fibre utilisable en textile. On y retrouve la rayonne, la viscose, le bambou, le Lyocell, le modal, l’acétate de cellulose, le coton mercerisé, le latex…

Fibre artificielles

Synthétiques

Composés de différents polymères auxquels on a donné la forme de fibres, la composition de ces tissus n’est pas d’origine naturelle. Dans cette famille, on retrouve notamment l’acrylique, le polyester, le nylon (ou polyamide), l’élasthanne (ou lycra), etc.

Fibres synthétiques

Lesquelles peuvent être teintées naturellement?

Voilà, nous avons posé les bases. Maintenant, nous allons voir quelles fibres peuvent être teintées.

Déjà, un premier critère est la capacité de la fibre à être mouillée ou chauffée à la température nécessaire à la teinture. Certaines fibres ne peuvent être chauffées sans se déformer, rétrécir ou changer d’aspect. C’est le cas des fibres synthétiques, que nous pouvons éliminer d’office d’un processus de teinture naturelle, car il nécessite de chauffer le tissu à des températures entre 70 et 90°C.

Ensuite, un tissu, un fil ou une bourre de fibres doit être correctement préparé pour être en mesure d’accueillir le colorant. Il doit être nettoyé de ses impuretés naturelles (le suint de la laine par exemple), des impuretés acquises lors du processus de filature ou de tissage (poussières, etc), et des impuretés appliquées, telles que des cires, imperméabilisants ou autres. La bonne réalisation de ce nettoyage optimisera la teinture qui suivra, par sa capacité à être uniforme et à être solide.

En effet, chaque catégorie de fibre a ses particularités. Mais chaque catégorie de colorant aussi. Et selon le type de colorant, celui-ci va avoir des affinités avec tel ou tel type de fibre plus qu’avec tel ou tel autre.

ChromophoreChaque colorant est composé de deux parties: un groupement chromophore, qui donne la couleur, et un groupement réactif, qui s’attache à la matière.

Toujours d’un point de vue chimique, chaque colorant et chaque fibre est défini par une polarité. Si l’un a une polarité positive (+) et l’autre une polarité négative (-) alors il s’attirent. Si les deux ont une polarité (+), ils s’éloignent. De même si les deux ont une polarité (-). Avec une polarité neutre, comme l’eau, rien ne se passe: un tissu mouillé exposé au contact de l’air ne le reste pas.

Pour pouvoir teindre un tissu avec efficacité, il va donc falloir choisir le bon colorant pour la bonne fibre. Ou alors sélectionner un procédé chimique qui favorisera cette adhésion, via le mordançage, dont je vous ai déjà parlé de l’utilité dans dans un précédent article. Avec la bonne réalisation de cette étape, tous les autres tissus de la liste ci-dessus pourraient donc être teintés.

 

J’envisage de vous faire un article complet sur les différentes familles de colorants naturels et sur leurs propriétés chimiques. Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à me le dire dans les commentaires!

 

Teinture à la ronce

Aujourd’hui, je m’attaque à cette plante double face. D’un côté, il y a ses aspects irritants: difficile de s’en débarrasser définitivement quand elle a décidé de s’installer dans le jardin, et en plus, étant dotée de piquants, il faut prendre quelques précautions pour l’arracher. D’un autre côté, elle forme ces buissons denses et sauvage dans les friches, talus et autre lieux non habités, et en été, se recouvrent de mûres délicieuses, nous invitant à renouer avec nos instincts ancestraux de cueilleurs.

Rubus fruticosus - Ronce commune

Bref, voilà une plante qui a de la ressource: très résistante, elle est disponible à peu près partout et pousse en abondance. Une ressource parfaite pour la teinture, si les résultats au test sont concluants.

C’est donc parti pour l’expérimentation. Je choisis le bout des tiges, là où les feuilles sont jeunes. Je les hache en petits morceaux, puis les met à macérer 24h dans l’eau de pluie avant de réaliser le bain de teinture.

Si vous décidez de tenter l’expérience de votre côté, surtout pensez aux gants de protection, car cette plante est quasiment impossible à manipuler sans (à moins que vous ayez de la corne sur les mains, mais dans ce cas vous êtes un cas particulier!).

En réalisant l’expérience en août, j’ai pu utiliser la plante fraîche, mais il est aussi possible de la faire sécher pour la réutiliser plus tard, et ainsi en avoir à disposition toute l’année.

D’après mon super guide des teintures naturelles, dont je vous parlais la semaine dernière, je m’attends à obtenir du gris-noir avec un nuançage au fer. Je me demande alors quelle sera la couleur de mon tissu sans nuançage et décide de l’inclure dans mon test. Mon guide m’indique aussi que la couleur obtenue est très solide à la lumière et au lavage. Je vais donc préparer un échantillon qui n’ira pas tout de suite dans mon grand carnet, mais restera à la lumière du jour, histoire de voir. Je vois enfin que les colorants identifiés dans cette plante sont les tanins galliques, ce qui éveille mon intérêt: j’ai déjà vu à plusieurs reprises que l’on peut mordancer avec des noix de galle. Vu que je vais devoir acheter ces dernières, est-il possible que je puisse les remplacer, à terme, par une plante particulièrement disponible dans ma région? Je testerais très probablement cet aspect le jour où je me lancerais avec les noix de galle.

Voici la fiche recette de l’expérience:

Ronce commune

Mine de rien, la réalisation a l’air longue, mais elle ne m’a pas demandé spécialement plus de temps que les autres: il fallait surtout laisser reposer entre chaque étape. Après, c’est sûr, il faut être un minimum patient car on est loin du résultat quasi-instantané des teintures chimiques. Comme pour toutes les teintures naturelles, on peut dire qu’elle se mérite!

Résultats! Sans nuançage, j’ai obtenu un jaune pâle tirant sur le beige, léger et doux. Après nuançage, un très beau gris foncé.

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Plusieurs grosses surprises dans cette teinture.

Tout d’abord, je n’observe quasiment aucune différence entre le résultat sur tissu mordancé, et celui sur tissu non mordancé. Je suppose que cela est dû aux colorants tanniques de la ronce, qui en font un mordant naturel. Il pourrait être intéressant, à l’avenir, de tester la tenue de la teinture avec une autre plante après un mordançage aux tanins de la ronce, et de comparer le résultat à un mordançage classique alun + crème de tartre…

Ensuite, il y a une différence de teinte phénoménale entre les fibres. Sur la fibre végétale (coton, lin et raphia), le nuançage me permet d’obtenir un gris foncé fabuleux. Sur la soie, le résultat commence déjà à être différent, en tirant vers un gris-brun. Et la laine m’a donné un résultat tout à fait inattendu: du vert! Un vert kaki qui n’a pas voulu foncer, malgré un séjour plus long dans le bain de nuançage au sulfate de fer. Quelle surprise! Le colorant ne réagit clairement pas de la même façon en fonction de la fibre sur laquelle il se fixe. Je trouve toutes ces couleurs vraiment très belles, mais jamais je n’aurais pensé obtenir autant de tons différents avec une seule plante et le même procédé de teinture!

teinture ronce; teinture ronce commune; teinture sur laine; teinture ronce; nuancage fer; teinture raphia

Dernière petite surprise sur cette expérience, je me suis aperçue que lorsque je lave mes 20170914_114504.jpgéchantillons en fin de teinture, je peux aussi agir sur la teinte. En effet, les tâches que vous observez sur certains échantillons (comme celui ci-contre par exemple, ou la fois dernière sur la verge d’or) ne sont pas dues à un manque de mélange lors de la teinture, mais à des morceaux de savon non dilués et qui se sont déposés sur le tissu, en faisant réagir le colorant avant que j’aie le temps de rincer. Je suppose que c’est le pH de mon savon qui a un effet sur la couleur. C’est une forme de nuançage qu’il serait intéressant d’expérimenter plus concrètement à l’avenir!

 

LE bon livre pour débuter

Lorsque j’ai décidé de commencer mes expériences de teinture, j’ai acheté ou emprunté plusieurs ouvrages sur le sujet. Déjà, parce que j’adore les livres, et que je n’allais pas manquer un occasion d’en feuilleter plusieurs, mais aussi et surtout pour commencer à récolter les infos nécessaires à mes débuts.

Premier constat: difficile de trouver un ouvrage suffisamment complet sur le sujet. Il manquait toujours la petite information ou le petit détail pour répondre à mes questions.

Guide essentiel de la teinure naturelleJ’ai acheté mon premier livre en librairie: le Guide essentiel de la teinture naturelle, d’Eva Lambert & Tracy Kendall. C’était la seule référence qu’il avaient sur le sujet, et en la feuilletant, elle m’avait l’air pas mal. J’ai malheureusement été un peu déçue. S’il fournit quelques bases intéressantes pour comprendre la teinture, on devient vite frustrée car les recettes sont assez limitatives. La plupart des plantes pour lesquelles des recettes sont fournies nécessitent des plantes colorantes difficiles à obtenir et qu’il faut donc acheter. Ce sont aussi des plantes très connues pour leurs propriétés grand teint, comme la gaude, le carthame, la garance, le santal, l’indigo… J’ai prévu d’expérimenter ce type de plante colorante, mais plus tard, probablement en hiver, quand les ressources fraîches sont taries.

 

Teintures naturelles 130 recettesDu coup, ce livre ne répondant pas à mes besoins immédiats, j’ai acheté un autre livre: Teintures naturelles, plus de 130 recettes expérimentées et partagées Grand teint – Petit teint, de Karin Delaunay-Delfs.

Celui-ci est un petit peu l’opposé du précédent. On rentre beaucoup plus dans l’expertise, avec des recettes très précises et qui expliquent de nombreux procédés différents de teinture avec une même plante, en fonction de la fibre à teinter et de la couleur désirée.

Presque un peu trop poussé pour la débutante que je suis, il m’a néanmoins permis de me rendre compte que la teinture végétale est un art délicat et subtil et que les possibilités y sont infinies. Je le garde sous la main car il est toujours intéressant à consulter lorsque je préparer une nouvelle teinture.

En parallèle, j’ai pu emprunter à la bibliothèque trois ouvrages intéressants:

Plantes à teinter Plantes à Teinter, de Chantal Delphin et Eric Gitton. Cet ouvrage donne des informations très intéressantes sur l’histoire de l’utilisation de différentes plantes plus ou moins locales. Il m’a servi de base pour les aspects historiques de mon article Grand teint, bon teint, petit teint?. Mais je n’y ai pas vraiment trouvé de réponses plus précises que ce que je connaissais déjà.

Teintre avec les plantes

Quant au livre Teindre avec les plantes, d’Elisabeth Dumont, je l’avais déjà emprunté environ un an auparavant. Il avait attiré mon attention sur le fait que certaines plantes présentes autour de moi pouvaient servir en teinture. Ce qui m’a le plus marqué, à cette époque, c’est qu’on pouvait teindre avec des pelures d’oignon! Je ne m’étais pas lancée pour autant, car j’étais, à l’époque, très absorbée par mes projets couture. Je l’ai donc réemprunté, et redécouvert. J’ai apprécié d’y trouver pas mal de photos, qui m’ont éclairée sur les gestes et le matériel « en utilisation ». Ce livre aurait pu être le livre idéal pour débuter, si je ne cherchais pas quelque chose de plus complet concernant le vaste choix de plantes qui m’entoure.

Plantes colorantes, teintures végétales, michel garciaA ce sujet, j’avais repéré un livre qui avait attiré mon attention. Etant disponible dans ma bibliothèque, je l’ai emprunté. Il s’agissait de Plantes Colorantes, Teintures Végétales de Michel Garcia et Anne-France Bernard. Pour ce que j’en sais, Michel Garcia est une sorte de référence sur la recherche en teinture en France et a publié plusieurs ouvrages sur le sujet. Celui-ci recense un grand nombre de plantes disponibles en France, en nous citant pour chacune le procédé de récolte ainsi que différents échantillons obtenus en fonction du type de tissu et de teinture. J’ai été enthousiasmée de découvrir qu’il y avait tant de plantes avec lesquelles je pouvais teinter! Des plantes qui sont pour beaucoup faciles à trouver près de chez moi. C’est grâce à ce livre que j’ai eu envie de tester la teinture au frêne commun dont je vous ai parlé le mois dernier. C’est un peu à regrets que j’ai dû rendre le livre. D’autant qu’étant en fin d’édition, je ne le trouvais plus à un prix décent.

Ce n’est pas plus mal, car c’est finalement ce qui m’a amenée à découvrir LE livre parfait pour débuter. C’est Amazon, sur lequel j’étais allée chercher le livre précédent et qui avait bien compris mon centre d’intérêt du moment, qui m’a proposé le Guide des teintures naturelles – plantes à fleurs de Marie Marquet.

Guide des teintures naturelles

Dans son format, il me faisait penser à ces guides d’identification « nature », du genre de ceux que l’on trouve pour les arbres, les oiseaux, les champignons… dont la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Mais celui-ci n’avait reçu que des avis positifs et son descriptif me le faisait apparaître comme une bonne alternative au livre de Michel Garcia. Sans compter que son format compact lui permettrait un transport facilité. Alors je l’ai pris. Et je ne regrette pas! Il est incroyablement complet.

Non seulement ce livre répertorie une quantité non négligeable de plantes tinctoriales, mais en plus il donne de nombreuses informations sur les procédés de récolte, de teinture, de mordançage et de nuançage, parfaites pour les débutants. Les informations sont fiables et de qualité, et je n’ai pour le moment pas eu à être déçue.

Quant aux plantes tinctoriales, elles sont réparties par fiches d’une double page, avec pour chacune une partie sur la biologie de la plante, suivie d’un tableau très complet sur son usage en teinture, puis d’une petite anecdote sur la plante, souvent historique. L’autre page présente de belles photos permettant l’identification la plante, ainsi que le positionnement de cette dernière sur un nuancier de teinture.

Voici un extrait (désolée pour la qualité moyenne des photos! Mais je pense qu’elle donnent tout de même un bon aperçu)

Guide des teintures naturelles fiche 1Guide des teintures naturelles fiche 2

Voilà, donc si vous passez par ici, et que vous vous demandez quel livre acheter, je vous recommande chaudement ce petit guide très bien fait et très complet qu’est le Guide des teinture naturelles – plantes à fleurs. D’ailleurs, ce guide semble faire partie d’une série, avec notamment « champignons et lichens » et « fougères et plantes à fleurs ». Peut-être que je me les procurerais un jour, et dans ce cas, je vous en parlerais certainement, mais en attendant, il y a déjà tant à expérimenter!! D’ailleurs, rendez-vous la semaine prochaine pour la teinture à la ronce… 😉

Teinture à la Verge d’Or

Cette semaine, j’apprends le nuançage, avec la teinture à la verge d’or.

Cette semaine, j’apprends le nuançage, avec la teinture à la verge d’or.

La verge d’or, aussi appelée solidage, est une plante originaire d’Amérique du Nord aux fleurs jaune. Elle a tendance à être envahissante, et peut recouvrir toute une surface en quelques années.

C’est grâce à cette caractéristique qu’en aidant à arracher de la verge d’or envahissante dans un jardin, j’ai pu récolter une bonne quantité de fleurs. Ici, c’est toute la plante qui donne du jaune. Mais les fleurs donneront un jaune beaucoup plus soutenu et éclatant. Au moment de la cueillette, j’ignorais cet aspect, sinon j’aurais conservé quelques tiges et feuilles afin de tester cela. Ce sera pour l’année prochaine!!

verge d'or; solidage; fleurs jaune

Sur les 700g de fleurs récoltées, j’en ai pris la moitié pour réaliser une teinture immédiatement, et j’ai gardé l’autre moitié que j’ai mise à sécher pour avoir de la matière pour une expérience future.

Voici le procédé de l’expérimentation tinctoriale du jour:

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La bonne nouvelle, c’est que contrairement à ma précédente expérience, la teinture a bien donné la teinte attendue: un beau jaune, aux nuances différentes en fonction du tissu utilisé, comme vous pouvez le voir ci-dessous:

verge d'or; teinture naturelle; teinture végétale; expérimentation teinture; expérimentation tinctoriale

Et voici pour la laine:

verge d'or; laine; teinture laine; teinture végétale; teinture naturelle; teinture tissu; teinture textile

Vous trouvez la teinte à gauche sur base écrue et à droite sur base bizet. Composition 100% laine, non teintée et non traitée, tout droit venue du Massif Central. Tellement brute que le contenu de mon colis sent encore le mouton! (Haha! Faut aimer, j’avoue!) La teinte écrue provient de la race Blanche du Massif Central, et la teinte bizet provient, comme son nom l’indique, de la race Bizet et est d’une couleur beige crème. Voici des pompons réalisés avec les laines brutes, en guise de comparaison:

laine blanche du massif central; laine bizet; blanche du massif central; bizet

 

Petite nouveauté sur cette expérience: ayant réussi à m’approvisionner en sulfate de fer, j’ai pu m’exercer au nuançage. Cette méthode consiste à ajouter, en fin de teinture, une substance dans le bain qui va réagir avec le colorant qui le compose, et en transformer la couleur. Les flavonoïdes, ces colorants qui constituent le jaune de la verge d’or, réagissent avec le sulfate de fer en devenant le vert légèrement kaki que voici:

Verge d'or; nuancage au fer; teinture naturelle; teinture végétale; expérimentation teinture; expérimentation tinctoriale; teinture plantes

Je suis très contente du résultat, et je suis vraiment fascinée par le changement de teinte qui s’opère lors du nuançage.

Ma seule déception a été de découvrir des tâches sur mes échantillons, une fois le rinçage terminé. J’ai d’abord cru que j’avais mal géré la teinture, peut-être en ne mélangeant pas assez pendant la teinture, ou encore parce que je n’avais pas assez bien filtré mon bain avant la teinture.

Mais à l’heure où j’écris, j’ai découvert ce qui avait engendré ces tâches, et je peux déjà vous dire que ce n’est aucune de ces deux raisons! Je vous en parlerais dans mon prochain article de teinture expérimentale! (oui oui, je crée du suspense, et non, je n’ai aucun scrupule!!)

 

Quel matériel pour débuter?

La teinture, ça tâche les ustensiles. Donc mieux vaut prévoir du matériel dédié, qu’on ne sera pas désolée de voir se teinter. Mais pour débuter en teinture, un minimum de matériel est suffisant. Voici une petite liste pour penser à tout.

 

Matériel de récolte

Commençons par le commencement.

Lors de vos balades, il peut être utile d’avoir sous la main un petit couteau et au minimum un sac, pour pouvoir y mettre vos trouvailles-surprise. S’il s’agit d’une balade intentionnellement dédiée à la récolte de matières premières, prévoyez un panier ou un grand sac, avec plusieurs contenants de plus petite taille pour séparer les espèces de plantes que vous aurez récoltées. Les gants, c’est surtout utile pour récolter des plantes difficiles comme l’ortie, la ronce et tout ce qui pique…

matériel; matériel de récolte; récolte des plantes

  • Gants
  • Sécateur ou couteau
  • Panier, saladier, sac en papier ou en tissu

 

Le matériel de teinture

Voilà, vous avez vos plantes, parfait!

Reste à faire la teinture. Déjà, il vous faut un contenant qui va sur le feu. Selon la quantité que vous voudrez réaliser, une casserole ou une marmite conviendront. Je conseille tout de même une petite marmite minimum, notamment parce que des plantes fraîches peuvent vite représenter un volume important. Et puis on est vite amené à utiliser 3 à 4 litres d’eau pour que les essais flottent librement dans leur bain de teinture et qu’ils soient faciles à mélanger. Personnellement, j’utilise une marmite et une grande casserole émaillées, car je réalise souvent le mordançage pendant qu’un bain de teinture mijote déjà.

La matière du contenant est importante, car elle peut interagir avec la teinture et modifier sa couleur. Les marmites en inox ou émaillées conviennent très bien. En revanche, évitez l’aluminium et le cuivre. Cela vaut également pour les ustensiles: une cuillère en bois fait très bien le job, et le plastique fera l’affaire aussi. Petit plus pas forcement essentiel, l’utilisation d’une pince pour extraire les fibres de leur bain. Très utile quand celui-ci est encore très chaud!

Ensuite, pour filtrer vos bains, vous aurez besoin d’un égouttoir. Vous pourrez l’utiliser tel quel lorsque les morceaux de plantes seront assez grossiers, ou y déposer un tissu étamine pour récupérer les résidus plus fins.

Enfin, pour peser vos plantes, tissus, mordants, etc., il vous faudra un balance. Pas besoin d’en avoir une dédiée à la teinture, cette fois. La balance de cuisine, pour peu qu’elle soit précise, fera parfaitement l’affaire! Et si votre balance n’est possède pas un par défaut, prévoyez alors des contenants à taille adaptée pour la pesée des différents éléments.

matériel; matériel de teinture; marmite

  • Marmite
  • Casserole
  • Cuillère en bois
  • Pince
  • Égouttoir
  • Morceau de tissu étamine
  • Balance
  • Contenants de différentes tailles (pour la pesée)

 

L’équipement individuel

Puisque votre but, c’est de modifier la couleur de tissus et autres fibres, il vaut mieux protéger vos vêtements. Un bon tablier fait bien le job, mais vous pouvez aussi opter pour le port de vêtements qui sont à l’épreuve sentimentale des tâches. Autrement dit, ceux que vous réservez déjà aux bricolages en tous genres!

Vous aurez également besoin de gants pour éviter de vous tâcher les mains ou de les faire entrer en contact avec les mordants. Des gants de ménage feront l’affaire.

Enfin, si vous utilisez des plantes déjà réduites en poudre fine, je vous conseille de les manipuler en portant un masque de protection type masque anti-poussière (vous en trouverez dans les magasins de bricolage). Les poudres étant très volatiles, cela vous évitera de les respirer car elles peuvent être irritantes.

  • Tablier ou des vêtements réservés
  • Gants
  • Un masque de protection en cas d’utilisation de poudre

 

Les accessoires bien utiles

Si, comme moi, vous avez tendance à mettre des éclaboussures partout, vous pouvez prévoir de quoi protéger votre espace de travail, ainsi que le sol. Cela peut notamment être utile si vous faites votre tambouille dans la cuisine, au milieu de vos denrées alimentaires, ou si vous voulez protéger votre sol lorsque les fibres fraîchement rincées, essorées et étalées sur leur séchoir dans un coin de votre salon continuent encore de goutter!

  • Un support où suspendre le tissu à sécher
  • Éventuellement de quoi protéger le sol et l’espace de travail

Voilà, j’espère que cet article vous sera utile pour réunir le matériel pour débuter! Pour ma part, je n’ai eu besoin d’acheter que la marmite, l’égouttoir et quelques ustensiles en bois, que j’ai trouvés d’occasion chez Emmaüs, où j’ai dû en avoir pour 5€ en tout.

Maintenant, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de prendre beaucoup de plaisir dans vos futures expériences de teinture.

Et pour ceux qui teignent déjà… Et vous, vous utilisez quoi? Dites-moi tout dans les commentaires!! 🙂

Savon volcanique!

Un savon au charbon et à la manjishta, nourrissant et purifiant, parfumé à l’huile essentielle de sauge.

Cela fait maintenant 5 ans que j’ai découvert qu’il était possible de fabriquer ses savons soi-même. Ça a d’ailleurs été l’élément déclencheur de mon intérêt pour la cosmétique maison!

Je passais mes vacances dans le Sud-Ouest. Et c’est en me promenant sur un marché des producteurs de pays, à Orthez, que je suis tombée sur ce stand avec ces magnifiques savons colorés, marbrés et qui sentaient si bon! Fascinée, je demande alors à la personneje crée mes savons au naturel qui tient le stand s’il est possible de visiter sa savonnerie. Elle me répond « oui, mais… honnêtement, il n’y a pas grand chose à voir… ». Et de m’expliquer que tout tient dans un placard, et qu’il s’agit d’ustensiles de cuisine tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Ha… Ha? Elle m’explique alors qu’elle a écrit un livre sur le sujet, tout en me le sortant de sous son stand. Je venais de rencontrer Leanne Chevallier, co-auteur du livre Je crée mes savons au naturel (Editions Terre Vivante). Dès que je suis rentrée à la maison, j’ai réuni le matériel nécessaire, et je me suis lancée!

Or, depuis mon emménagement à Strasbourg, j’avais un peu laissé tomber, faute de conditions de fabrication idéales, alors que j’adore ça. Le concevoir, le fabriquer, le laisser affiner, et enfin, l’utiliser!

Aujourd’hui mon appartement m’offre l’espace nécessaire, et je viens enfin de remettre le pied à l’étrier, avec ce savon au charbon « Volcanique ». C’est un véritable savon soin, nourrissant et purifiant, parfumé à la sauge.

Voici sa composition:

  • 32% d’huile de coco
  • 30% d’huile d’olive
  • 17% de beurre de karité
  • 15% d’huile de pépins de raisin
  • 6% d’huile de chanvre

Ajouts: charbon activé (couleur noire), poudre de manjishta (couleur rouge) et huile essentielle de sauge sclarée, à la trace.

Surgras à 8%.

Certains l’auront déjà vu sur Instagram, voici ce que ça a donné:

savon sap; savon à froid; saponification à froid; savon au charbon; savon volcanique; savon maison; savon diy; savon noir; savon homme; karité

Je suis très contente du résultat, et j’ai pris beaucoup de plaisir à les fabriquer. J’espère que l’homme prendra autant de plaisir à s’en servir! Je ne manquerais pas d’en publier une photo sur Instagram lorsqu’ils seront prêts à être utilisés!

Maintenant, reste plus qu’à fabriquer une fournée pour moi, et une fournée pour offrir! J’ai hâte de partager tout ça avec vous!

 

Teinture au frêne commun

Ou l’histoire de ma première teinture au résultat inattendu!

Frêne communJ’avais déjà pu lire ici et là que la teinture végétale donnait parfois des résultats qui s’écartaient des attentes. La teinte obtenue donnant un coloris sensiblement différent de ce qu’on obtient généralement avec cette plante. Les raisons peuvent être multiples, et les identifier est un vrai défi pour une débutante comme moi!

Bref, vous vous l’avez compris, cette nouvelle expérience avec le frêne commun est complètement concernée!

J’aime bien faire mes expériences sur la base de plantes très largement disponibles et faciles à se procurer. Le frêne en est un bel exemple, puisque j’en ai un beau et grand au fond du jardin. J’ai récolté ses feuilles en coupant les quelques rejets qui poussaient à la base du tronc. De quoi joindre l’utile à l’utile: plus de rejets, et de belles feuilles disponibles pour une expérience de teinture!

Pour ce qui est de la couleur attendue, mon petit guide m’indique que j’allais obtenir un jaune ocre. Alors c’est parti!

J’ai laissé les feuilles sécher six jours avant de les plonger dans l’eau. Voici la fiche recette de cette teinture:

Frene commun.jpeg

Comme je vous l’ai laissé entendre au début, le résultat n’a pas été jaune du tout!!

Mais en fait, je suis plutôt contente du résultat. Voici une photo de ce que ça a donné:

Teinture frene commun.jpg

Comme toujours, le tissu en flanelle de coton est celui qui parvient à concentrer le plus la couleur. Il nous offre un résultat qui s’approche légèrement du jaune, mais l’effet est plus prononcé en photo qu’en réalité. En effet, c’est plutôt une très belle palette de beige que j’obtiens. La couleur est douce et lumineuse. Une fois passée ma déception de ne pas obtenir le résultat attendu, je peux vous dire que je suis devenue fan de ces teintes de beige!

En haut, vous voyez donc le tissus mordancé, et en bas, le non mordancé. Dans tous les cas, j’adore! Pas de toute que dans mes prochaines créations, si je souhaite du beige, je penserais au frêne, car il est très disponible et qu’il donne une jolie teinte.

Cela dit, il y a aussi de fortes chances pour que je renouvelle l’expérience en modifiant la recette, pour essayer d’obtenir le jaune ocre qu’il aurait dû donner.

Parmi les améliorations que je prévoie: hacher les feuilles en petits morceaux, ne pas les laisser sécher, et mordancer avec de l’alun et de la crème de tartre.

En attendant, je vous dis RDV dans 15 jours pour la prochaine expérience de teinture!! Je vous y parlerais de teinture à la verge d’or, pour obtenir du jaune! Encore, me direz-vous! Oui, mais cette fois, encore une surprise!!

 

Le mordançage, ça sert à quoi?

En teinture, on parle toujours de mordançage. Mais de quoi s’agit-il au juste?

Les avantages du mordançage.

D’une façon générale, un mordançage bien réalisé permettra de renforcer la solidité des couleurs à la lumière, ainsi qu’au lavage.

C’est à dire que la teinture résistera bien aux lavages successifs, et ne sera pas affadie par l’exposition à la lumière.

Bien entendu, tout étant relatif, le temps fera tout de même son œuvre, comme avec n’importe quelle teinture, qu’elle soit chimique ou naturelle.

Ok, mais c’est quoi?

Le mordançage, c’est l’art de préparer le tissu afin qu’il accroche et fixe le colorant lors de la teinture. En effet, selon la nature du colorant utilisé, ce dernier parviendra plus ou moins facilement à se fixer sur une fibre donnée.

C’est là qu’intervient le mordant, c’est à dire une substance qui permettra de faire la liaison entre les deux.

Alors, c’est de la chimie tout ça?

Hé bien oui! C’est une histoire de molécules! Le mordançage va permettre à des molécules qui n’auraient pu se lier entre elles de le faire quand même. Il servira d’intermédiaire, en quelque sorte. Ainsi, le mordant va se fixer à la fibre, et le colorant va se fixer au mordant. Sans ça, le colorant « glisserait » sur la fibre, et se retrouverait à nouveau dans l’eau dès le premier lavage (pour notre plus grande déception!!).

C’est pour cela qu’en fonction du type de fibre (laine, coton… ), et du type de colorant, il faut choisir le mordant le plus approprié.

Heureusement pour nous, il existe déjà une belle banque de données pour nous aider à trouver le mordant le plus adapté en fonction de la plante à utiliser. Et nous avons également un vaste choix de mordants en teinture naturelle!

Faut-il systématiquement mordancer?

Non, rien ne vous y oblige, mais c’est néanmoins conseillé pour la tenue de la teinture dans le temps.

Après, il existe des colorants dit substantifs, qui par nature se lient très facilement avec la fibre. C’est le cas du curcuma avec les fibres cellulosiques comme le coton, par exemple. Mais là encore, la teinture qui en résulte n’est ensuite pas forcément très solide à la lumière. J’ai prévu de tester le curcuma cet hiver, quand la disponibilité des plantes fraîches sera interrompue. J’essaierais de tester ce paramètre.

Quand réaliser le mordançage?

Le meilleur moment pour le faire, c’est avant la teinture. On plonge alors les fibres humides mordancées dans le bain de teinture. Il s’agit là du cas général. Mais on peut aussi choisir, parfois, de réaliser le mordançage directement dans le bain de teinture. Cela permet un gain de temps, mais empêche de réaliser un nuançage en fin de teinture.

On peut réaliser des quantités mordancées à l’avance, mais il faut s’arranger pour que les fibres restent humides jusqu’à leur teinture.

Mordançage.png

 

Voilà, j’espère vous en avoir appris un peu plus sur le mordançage et son utilité en teinture.

J’ai prévu de vous réaliser prochainement un article sur les différents types de mordants, car le thème est vaste et mérite un article à lui tout seul!