Il y a quelques mois, après 4 ans de colorations végétales, j’ai arrêté de me teindre les cheveux. Ils étaient devenus trop foncés, avec les racines très claires, et j’ai décidé qu’il était temps d’assumer mes cheveux blancs (enfin, en tout cas, d’essayer!). Du coup, comme j’avais aussi aimé expérimenter la teinture sur mes cheveux, je me retrouve maintenant avec tout un stock restant de hennés de différentes origines: Rajasthan, Djerba, Gabès, Yémen… J’ai déjà pu observer sur mes cheveux qu’en fonction de la provenance du henné, la teinte obtenue est différente. Plutôt un roux marron pour le Radjathan, un roux rouge pour le Yémen, ou encore un roux cuivré tirant sur le rouge pour le Djerba. Et j’ai déjà pu constater que selon les personnes, un même henné peut prendre une teinte différente: chaque cheveu étant différent.
Donc, vous vous en doutez, avec toute cette matière première, il était grand temps de reprendre les expériences textiles!
Pour cette teinture, j’ai utilisé 3 hennés: le Radjasthan, le Yémen et le Djerba, et je l’ai réalisée en deux temps. Tout d’abord, j’ai effectué la teinture du Radjasthan et du Yémen. J’ai obtenu des teintes très différentes, et avant d’en conclure que cette différence était due au henné, j’ai voulu vérifier que cela ne venait pas de mes nouvelles casseroles de teinture, récupérées en brocante. L’une est une casserole classique émaillée, l’autre est en réalité une casserole à fondue, avec un bord plus étroit que le fond. Cela pouvait-il engendrer une différence de température, d’aération ou autre?
Pour vérifier cela, j’ai donc réalisé dans la foulée une teinture avec le Djerba dans chaque casserole, avec la même quantité de poudre, et les même échantillons à teinter.
Les caractéristiques de cette expérimentation:
Donc, pas de comparaison entre les fibres mordancées et non mordancées pour cette fois. Je voulais surtout comparer les différents hennés, et mes expériences précédentes ayant montré que le mordançage donnait de meilleurs résultats sur les fibres végétales, je me suis lancée directement.
Notez l’arrivée de la laine tissée. Je vous parlerais prochainement des projets que j’ai à ce sujet.
Et voici maintenant le résultat en images:
A vrai dire, je n’ai pas pris de photos juste après le séchage, et j’aurais dû! Car à ce moment là, la différence de teinte entre le Radjasthan et le Yémen était bien plus flagrante qu’aujourd’hui. Le premier était bien plus brun que le second, qui tirait vers le rouge. Le Djerba, de son côté, semblait plus clair, plus orangé. A ce jour, comme au moment des photos, les couleurs ont évolué. A croire que c’est comme en coloration, où la couleur s’oxyde pendant quelques jours jusqu’à atteindre sa nuance définitive.
Au final, la teinture au henné de Djerba et celle au henné du Radjasthan donnent des résultats aux teintes très proches. Seule la teinture au henné du Yémen présente une différence de nuance, bien visible sur la soie et le raphia, où elle tire sur le vert.
J’aime particulièrement ces nuances de brun tirant sur le rouge. La couleur est particulièrement vibrante sur la laine et la soie, et ces teintes peuvent composer un ravissant camaïeu automnal. Il est certain que j’utiliserai le henné pour obtenir du brun-rouge à l’avenir!
Enfin, la laine tissée prend très bien les pigments colorants. La nuance obtenue diffère légèrement de celle obtenue sur les fibres. Je ne sais si cela est dû à la composition de la laine, ou au fait qu’elle soit tissée. Je vérifierai sûrement ce point à l’avenir!